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Forum pour la lutte contre l'impunité et l'injustice en Mauritanie.
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20 janvier 2014

La Mauritanie : à quand la fin du racisme ? par Ibrahima DIALLO.

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« Le 4 janvier 1966 les élèves   noirs des Lycées de Nouakchott ont déclenché une grève   qu'ils déclarent illimitée en vue de faire supprimer la mesure   rendant obligatoire la langue arabe dans l'enseignement du second degré.   (…. Mais le régime politique, peu après avoir muselé   certains porte-parole noirs, s'est ménagé l'officialisation de   la langue arabe dont la première étape est cette mesure rendant   l'arabe obligatoire dans le premier et le second degré, cependant qu'il   étouffe les revendications fondamentales de la Communauté Noire.   (….). Toute cette situation se traduit par un marasme général   qui affecte tous les rapports entre citoyens Maures et Noirs. En effet, la jeunesse   du pays, future relève, se trouve profondément divisée… » Cet extrait est tiré du "Manifeste   des 19[1]"   qui a été publié au mois de février   1966 par 19 cadres Mauritaniens noirs (Bamana, Fulbe, H’râtîn,   Sooninko, Wolof), qui s’insurgeaient contre le racisme déjà   ambiant du premier pouvoir civil en Mauritanie. Et depuis, beaucoup d’eau   a coulé sous le pont :   Officialisation de la seule langue arabe au détriment des autres langues   nationales de Mauritanie (bamana, Pulaar, sooninke, wolof);   Renvoi des cadres noirs et leurs remplacements par leurs homologues arabo-berbères ;      Expropriations des terres des Noirs du Sud ;   Etat de siège des populations du Sud (Bamana, Fulbe, Sooninko, Wolof)   par la soldatesque du Système beydane auquel s’ensuivent des arrestations   arbitraires, des exécutions extrajudiciaires, des viols, des tortures,   des humiliations publiques de toutes sortes, des harcèlements psychologiques,   l’exil forcé des jeunes noirs, des déportations massives   des familles ou des villages entiers de Mauritaniens noirs.

Le texte suivant constitue une partie de la conclusion   du « Manifeste du Négro-mauritanien   opprimé, de la question raciale à la lutte de libération   nationale, février 1966-avril 1986[2] »,    texte publié et diffusé en avril 1986 par les Forces de libération   des Africains de Mauritanie[3]. « Nous pensons que la clef du problème   pour les Noirs et pour l'avenir de la Mauritanie toute entière réside   fondamentalement dans la destruction du Système beydane[4]   et de l'instauration d'un système politique juste, égalitaire   auquel s'identifieront toutes les composantes actuelles du pays.   Pour cela, il faudrait que tous les véritables nationalistes mauritaniens   (Noirs et Arabo-berbères), épris de paix, de justice et soucieux   de voir instaurer une Unité nationale véritable, acceptent de   s'unir afin que tous ensembles combattent pour la suppression de ce système   raciste, chauvin, aussi pernicieux que l'Apartheid.   Car cela est possible. Il faudrait que le Négro-mauritanien comprenne   qu'il ne doit pas s'insurger contre le Beydane en soi, mais contre l'appareil   d'Etat arabo-berbère raciste et oppresseur, afin que Blancs et Noirs   puissent enfin dialoguer à égalité, se battre ensemble   pour des lendemains plus certains.   Que le chauvinisme et l'hégémonie du monde arabe ne viennent pas   aggraver nos contradictions, en épaulant une communauté raciale,   la leur, contre une autre (les Noirs). Si tous les Mauritaniens sont musulmans,   ils ne sont pas tous arabes, autant que les Kabyles, les Perses, les Turcs ou   les Kurdes.   Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens,   discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens   eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes   nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans   lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux.   Il faut que nous traduisions dans la réalité nos appels au Salut   National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes   nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles   raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient   certainement pas les Mauritaniens». Pays multiethnique, la Mauritanie vit depuis son accession à l’indépendance   le 28 novembre 1960 des contradictions raciales instrumentalisées par   les différents pouvoirs civils et militaires qui s’y sont succédé.   Cette instrumentalisation a occasionné au cours des années 80   et 90 un véritable génocide contre les populations noires de Mauritanie   (Bamana, Fulbe, Sooninko, Wolof).   Arrestations de militaires en octobre 1987 à la suite d'un prétendu   coup d'Etat militaire : trois exécutions, 23 condamnés entre   5 ans et la perpétuité, près d'un millier de militaires   noirs chassés de l'armée après avoir subi toutes formes   de tortures et d'humiliations. Des tortures et mauvais traitements qui allaient   entraîner la mort de 4 prisonniers politiques à Waalata   Au mois d'avril 1989, des centaines de Noirs (700 au moins) sont massacrés   á Nouakchott, à Nouadhibou et dans plusieurs autres localités   mauritaniennes, avec la complicité des plus hautes autorités de   l'Etat. Dans la foulée de ces pogroms anti-Noirs, le pouvoir bîdhân   procédait á l'épuration de l'administration et des entreprises   publiques de leurs éléments noirs, á l'arrestation et á   l'exécution de dizaines de milliers de Bamana, de Fulbe, de Sooninko   et de Wolofs et de leur déportation dans le but évident de "dénégrifier"   le pays de plus de 120.000 personnes Noirs vers le Sénégal et   le Mali.   Arrestations, tortures de milliers de militaires noirs dont 512 furent assassinés.   Comble d’horreur, 28 parmi eux furent pendus le 28 novembre pour célébrer   le 30ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie.   Jusqu'à ce jour, les dépouilles de tous ces martyrs ne sont pas   rendues à leurs familles respectives.   Les événements d'avril 1989 et ceux qui s’en sont suivis   étaient parfaitement prévisibles : ils sont la suite logique de   la politique raciste appliquée en Mauritanie depuis l'indépendance   et fondée sur l'accaparement, par la Communauté bîdhân   , de tous les leviers du pouvoir. En dépit de multiples contestations   (« Manifeste des 19 »,    « Manifeste du Nègro-Mauritanien opprimé… »),    et affrontements violents (guerre civile de 1966...) suscités par cette   situation, les régimes bîdhân successifs se sont toujours   refusés, avec une remarquable constance, a à envisager une autre   alternative : celle d’un Etat républicain et démocratique,   reposant sur l'égalité entre toutes ses composantes raciales et   ethniques   Si d’aucuns se sont félicités de la remise du pouvoir politique   aux civils, de l’organisation d’élections libres et transparentes,   nos préoccupations restent toujours actuelles. En Afrique, et encore   moins, en Mauritanie, notre pays, électoralisme n’a jamais rimé   avec Démocratie. Il suffit pour s’en convaincre de se pencher sur   la représentativité des deux chambres quasi monocolores bîdhân.   Sur la vingtaine des membres du gouvernement, seul 3 sont des Noirs. 95 % des   Secrétaires d’Etat et des Secrétaires généraux   des ministères sont des arabo-berbères leucodermes. Près   90% des corps des Forces armées et dans l’Administration territoriale   sont Blancs de culture arabo-berbère. Nous remarquerons ici que Sidi   Ould Cheikh Abdellahi[5],   n’a pas fait mieux que Maouiya Ould Sid Ahmed Taya[6]   et encore moins qu’Ely Ould Mohamed VALL[7].   Il existe depuis toujours dans ce pays une loi fondée sur la prétendue   majorité des Bîdhân. Au vu des résultats des recensements   nationaux de la population, également des considérations sociodémographiques,   on se rend facilement compte de la supercherie. Peu importe le pourcentage démographique   de chacune des composantes nationales du pays. Le fondamental est qu’elles   aient toutes les mêmes droits et les mêmes devoirs au sein d’une   République citoyenne. Dans l’intérêt d’une unité   nationale et d’une cohésion sociale, il est intolérable   de hiérarchiser les droits fondamentaux selon que les uns soient Arabes   et les autres Bamana, de Fulbe, de Sooninko et de Wolofs.   Par ailleurs, un nombre importants de criminels racistes et de tortionnaires   continuent d’occuper les plus hautes responsabilités dans la hiérarchie   militaire et de l’Etat pendant que leurs victimes, elles, continuent tous   les jours de descendre dans les bas fonds de l’humiliation et de l’injustice.   Le pouvoir « issu des urnes »   en mars 2007 préconise le pardon et l’indemnisation des victimes.   Le pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdellahi qui officie dans le sens de l’oubli,   se mobilise pour l’impunité des crimes de race, dit-on, du côté   de Nouakchott pour la paix civile ! De quelle paix s’agira-t-il,   quand on refuse du toucher du doigt le problème focal qui amenuise les   destinées de notre pays.   Il est vrai que la Mauritanie fait face à de nombreux problèmes :   problèmes économiques : exploitation rationnelle de nos ressources   et leur redistribution équitable, pauvreté, détournements   et inégalités sociales de toutes sortes, tribalisme, esclavage.   Mais de tous ces problèmes, ceux de la cohabitation entre Bamana, Fulbe,   Sooninko et Wolofs d’une part et les Arabo-berbères d’autre   part, et celui de l’esclavage sont ceux qui exigent le plus des solutions   urgentes et correctes. Ce sont les faits, et non une construction de l’esprit,   qui font de la Question nationale et sociale le problème essentiel à   résoudre. Les Forces de libération africaines de Mauritanie restent   attachées à la résolution de la question vitale de cohabitation ;   une question cruciale qui ne pourrait favoriser la construction dans ce pays   d’une unité nationale. .   Tout comme elles invitent à des actes rapides tendant à l´apaisement   du climat social.   Notre organisation demeure animée par la même volonté de   dialogue exprimée depuis 1986 dans le « Manifeste   du Négro-mauritanien opprimé…. ».    Le combat se poursuit pour aboutir un jour à   une république mauritanienne respectueuse de la diversité raciale,   ethnique et des droits fondamentaux de tous les citoyens du pays.

1 « Le Manifeste   des 19 », ainsi appelée en raison du nombre de ses signataires,   a été rédigé en février 1966. Il dénonçait   déjà le processus de marginalisation des Noirs mauritaniens. Vingt-trois   ans plus tard, il n'a rien perdu de son actualité 2 Sa lecture permet de comprendre les mécanismes   d'oppression et d'asservissement mis en place par les différents régimes   racistes qui se sont succédés á la tête de l'Etat   mauritanien contrôlé par les Arabo-berbères depuis 1958   qui l’ont hérité de l’Administration coloniale française   qui ne voulait que la Mauritanie soit dirigée par des Noirs et des non-Arabo-berbères 3 Organisation politique créée   en mars 1983 et qui regroupe plusieurs mouvements et organisations nationalistes   noirs. Les FLAM, suite à la diffusion du Manifeste du Négro-mauritanien   Opprimé ont été décapitées de la majorité   de leurs cadres en 1986. Interdites d’activités, puis criminalisées   sous Ould Taya, l’essentiel des activités de cette organisation   avant-gardiste est mené depuis l’Etranger. 4 De l’arabe dialectal de Mauritanie   (le Hassaniya), blanc, terme par lequel se désignent les Arabo-berbères   leucodermes en Mauritanie. Bîdhân (l’bial, Blanc) s’oppose   au concept Kowri (kwar au pluriel) qui désigne en Hassaniya le Noir.   Kwar est dérivé du mot kuffar (Kafr). Tout Noir est un Kafr. Les   deux mots sont devenus synonymes. 5 L’actuel chef d’état   mauritanien 6 Exilé actuellement à Doha   (Qatar) où il coule des jours heureux. C’est sous les ordres de   Ould Taya que les déportations et les massacres de Bamana, Fulbe, Sooninko   et Wolof ont été exécutées en 1986, 1987, 1989,   1990-1991. Des plaintes pour crimes de génocide, crimes racistes et crimes   contre l’Humanité ont été déposées   contre lui en Belgique et aux Etats-Unis par des rescapés de la campagne   de dénégrification de la Mauritanie qui sont réfugiés   en Afrique [(Sénégal, Mali, Gabon, Angola, Cameroun), en Europe   (France, Belgique, Hollande, Allemagne, Suède, Norvège, Danemark,   Italie, Espagne, Portugal) et en Amérique (Etats-Unis, Canada)] 7 Le tombeur de Maouya Ould Sid’Ahmed   Ould Taya, son ancien directeur national de la Sûreté, donc bras   armé du système ethnoraciste et fasciste. Ely a servi Ould Taya   corps et âme durant les années de braises vécues par les   Bamana, Fulbe, Sooninko et Wolof

 

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